DE BRESLAU A WROCLAW

La situation stratégique de Breslau est considérablement modifiée. Du statut de base de ravitaillement pour la ligne de défense contre les russes, elle devient un poste avancé d'une zone sensible, à la frontière de la Pologne nouvellement indépendante. Les difficultés initiales de la République de Weimar culminent avec la crise économique de 1923. L'économie allemande se détériore avec une rapidité fulgurante. L'influence des partis nazis et communistes grandit alors que les chiffres du chômage explosent.

Hitler se rend à Wroclaw pour la première fois en 1932, dans le cadre de sa campagne préparant les élections du mois de juillet.

Dans les premières décennies du XXe siècle, l'équilibre multiculturel de Breslau est sur le déclin. les Allemands représentent une majorité écrasante de la population.

La minorité polonaise subsiste, malgré les efforts de germanisation: en 1914, les noms de famille polonais se trouvent en profusion dans le bottin de Breslau. Malgré l'établissement d'un consulat polonais et d'une école polonaise en 1918, Breslau entre les deux conflits mondiaux, n'est pas le lieu d'une renaissance polonaise.

Un autre représentant de l'ère multiculturelle reste la communauté juive. Fortement assimilée et très prospère, elle est à l'apogée de son développement en 1900, et fournit à la ville nombre d'universitaires et artistes voués à une renommée européenne, ainsi que plusieurs prix Nobel. Mais en quelques décennies, et déjà avant 1933, la population juive diminue significativement, suite aux émigrations volontaires. En conséquence des persécutions nazies, elle ne compte plus que 10.000 membres en 1938 et seulement 4.000 en 1940.

Après l'élection d'Adolf Hitler au poste de chancelier en 1933, les nazis éliminent rapidement les opposants politiques . Les "mesures punitives" contre les Juifs commencent rapidement. La législation antisémite débute principalement en 1935, avec les lois de Nuremberg. Les séries de mesures anti-juives, jusqu'à la nuit de Cristal (Kristallnacht) en novembre 1938, mettent en évidence un nouvel état de fait: il n'y a pas de place pour les Juifs dans la nouvelle Allemagne du Troisième Reich.

Le processus d'extermination orchestré par les nazis est particulièrement rapide et brutal à Breslau.

Les déportations massives commencent en Juillet 1941 et durent jusqu'en 1943, à destination d' Auschwitz, Sobibor, Theresienstadt….La ville fut « nettoyée », méthodiquement, quartier par quartier. En août 1943, la Silésie est déclarée Judenrein, "sans-juif.

Peut-être pour la première fois dans son histoire, Breslau est alors, statistiquement au moins, une ville "purement" allemande. Mais la réalité est différente. Les besoins allemands en main d'oeuvre de guerre ont encouragé l'afflux important de travailleurs forcés étrangers. Neuf camps de travail et de concentration supplémentaires sont construits autour de la ville pour servir les géants de l'industrie allemande. Autour de la ville, on estime que plus de 50.000 juifs et prisonniers de guerre sont alors mis au travail dans ce système de camps.

Un second afflux résulte des hasards de la géographie. Breslau, établie profondément dans les terres, sert d'abri non officiel contre les raids aériens. Les industries, les corps administratifs et les individus y sont transférés, pour éviter les bombardements alliés. Breslau, qui n'a été bombardée qu'une seule fois par les alliés, se présente pour beaucoup comme un havre de paix. A la fin de l'année 1944, sa population a atteint le million, soit une augmentation de 50% par rapport au chiffre en temps de paix. Bientôt, les réfugiés fuient de nouveau, mais cette fois-ci vers l'ouest, pour échapper à l'avancée de l'armée rouge.

les leaders militaires de la garnison de Breslau, se préparent à affronter les soviétiques. L'évacuation n'est autorisée que le 20 janvier, et en groupes restreints. La froid hivernal a raison de plusieurs centaines de civils, quittant la ville dans la hâte, souvent les pieds nus. On estime à 90.000 le nombre de victimes de ces évacuations. L'administration municipale et l'université sont délocalisés, et les camps de travail démantelés, engageant les malheureux prisonniers dans de longues marches forcées.

La Synagogue

        WROCLAW 1945                                                                                                   WROCLAW 2015

Droite

Dans la nuit du 15 février, la ville est encerclée par l'armée rouge. La bataille est extrêmement brutale, elle gagne l'ensemble de la ville, un quartier après l'autre, et foyer par foyer, étage par étage. Les civils restants cherchent refuge dans leur grenier, ou dans le suicide. Le 6 mai, après 77 jours de siège, la ville capitule: Hitler est mort, et Berlin est prise.

Au terme de ces semaines, 70% de Breslau sont détruits. La cathédrale, et la plupart des églises de la ville et des bâtiments universitaires ont subit d'importants dégâts. Les pertes humaines sont aussi considérables. les trois mois de combats ont coûté la vie à environ 6000 soldats allemands, et 8000 soldats soviétiques. Les pertes civiles s'élèvent à 30.000 âmes.

C’est le 30 juillet 1945 que Breslau est officiellement donnée à la Pologne qui exige l’usage du nouveau nom de « Wrocław »